Il vous arrive peut-être de ramasser, lors de vos ballades, des branches courbées qui sont comme des sceptres magiques, des cailloux précieux, des feuilles aux couleurs incroyables. Dans la nature, les trésors sont partout pour ceux qui savent les voir.
Ce jour là, l’homme qui marchait sur le chemin depuis longtemps déjà, aperçu un bâton planté dans le sol, droit comme un i. Au cours de son voyage, il avait bien essayé de trouver un bâton qui lui conviendrait mais ceux qu’il trouvait étaient toujours trop courts ou trop souples ou trop tordus. L’homme n’en revenait pas, celui qui était planté devant lui convenait parfaitement : le bâton avait une bonne longueur, il semblait solide et surtout, il était tellement droit qu’il en paraissait presque fait de main d’homme.
A ce moment là de l’histoire, il faut que je vous dise, que ce bâton là, n’avait pas toujours été un bâton. En vérité, ce bâton avait été un serpent. Et pas n’importe quel serpent. Il avait été le serpent acrobate le plus réputé parmi les invertébrés. Dès son enfance il avait commencé à tester des tours pour faire rire ses parents. Par exemple, régulièrement il battait le record de celui qui faisait le plus de nœuds avec son corps et qui s’en défaisait le plus rapidement. Un de ses tours préférés était de sauter du plus haut qu’il pouvait et de former un ressort avec son corps pour rebondir le plus loin qu’il pût. Mais tous ces tours demandaient de l’entrainement et ne réussissais pas toujours du premier coup si bien qu’il était souvent couvert de bleus. Au bout de quelques années, les bleus faisait parti intégrante de son corps, ses écailles s’épaissirent jusqu’à former comme une carapace. Notre serpent était assez content de sa carapace, il sentait moins la douleur des chutes et pouvait inventer des tours de plus en plus risqués. Malheureusement, à mesure que la carapace s’épaississait, le corps du serpent devenait de moins en moins souple. Jusqu’au jour où il se retrouva complètement raide, droit comme un piquet sans plus pouvoir bouger : il était devenu un bâton.
Et il était planté là, sur le chemin quand l’homme qui marchait décida de le prendre pour compagnon. Pendant qu’il marchait, l’homme avait pour habitude de siffler et de fredonner des airs dont il se souvenait. Au bout d’un moment, il se mit à parler au bâton comme à un compagnon de voyage. Il se mit à lui raconter les histoires des endroits où il avait vécu, des hommes et des femmes qu’il avait rencontrés. Il raconta au bâton sa vie, ses regrets et ses rêves. Et plus l’homme racontait, plus le bâton écoutait avec attention. Il était heureux d’accompagner l’homme dans sa marche, de pouvoir le soutenir. Les jours passèrent ainsi. Cependant, un soir, alors qu’ils se reposaient tous deux auprès d’un feu, le bâton sentit une longue faille se creuser dans son écorce. Les jours suivants, les fentes se firent plus nombreuses et le bâton comprenait qu’il n’en avait plus pour longtemps. Un soir, il demanda une faveur à l’homme. « Quand tu arriveras au prochain village, trouve le meilleur joueur de flûte et demande lui de jouer pour toi. Quand il commencera à jouer, tu me placeras devant toi afin que je puisse profiter de sa musique. » L’homme promit. Arrivé au village, il trouva le meilleur joueur de flûte et lui demanda de jouer pour lui. « Que me donneras-tu si je joue pour toi ? » lui demanda le musicien. L’homme n’avait rien d’autre que ses pauvres habits et son bâton. « Si tu me donne ton bâton, je jouerais pour toi. » L’homme se souvint de sa promesse et accepta à contrecoeur. Il planta le bâton dans le sol devant lui en gage de bonne foi. Quand les premiers airs de flûte commencèrent, une chose extraordinaire se produisit. L’écorce du bâton se fendit de toute part. Une fleur blanche en jaillit. Les pétales s’ouvrirent un à un pour laisser naître un magnifique serpent aux écailles souples et brillantes qui se mit à danser. Après que le morceau fut terminé, le serpent resta avec le musicien, ils montèrent un numéro en duo et firent le tour du monde. L’homme, ravi par ce miracle, continua son chemin et raconta cette histoire à tous ceux qui voulait l’entendre.
Les trésors sont partout pour ceux qui savent les voir alors ouvrez grand les yeux.
Conte écrit par Léone Leconte